|
tance des images
rétiniennes. A raison d'une succession de 10 images
par seconde, le cerveau humain eut enfin l'impression du
mouvement continu. Pour davantage de commodité, les
frères Lumière fixèrent à 16 le
nombre d'images, l'illusion fut absolue. Convaincus que leur
invention n'aurait aucun avenir commercial, les
Lumière refusèrent de la vendre à
Georges Méliès, prestidigitateur et directeur
du petit Théâtre Robert Houdin. Obstiné,
le mage blanc persista : il acheta un bioscope qu'il
améliora et, comble du
|
délice, il
réalisa que son appareil lui permettait d'enregistrer
ce qui n'existait pas. Méliès construisit
aussitôt le premier studio du monde et mit au point
des procédés de surimpression, de ralenti, de
fondu. Il prit évidemment le contre-pied des
inventeurs du cinématographe et tourna le dos au
réalisme de l'époque en substituant la
fantaisie à l'observation. Il évolua dans le
rêve. Montrant à ses contemporains ce qu'ils
n'avaient pas l'habitude de voir, il fit croire à
l'existence de l'irréel : les scènes
d'actualité, la guerre
hispano-américaine, le couronnement du roi Edouard VII
d'Angleterre, furent entièrement
reconstituées en studio. Il devint le maître de
l'actualité postiche et enchanta la matière
vulgaire. Au
cours de cette féconde et intelligente époque
on exploita l'ombre et la lumière : naquirent dans le
même temps la photographie, la reproductibilité
des oeuvres d'art, l'électricité. Ombre et
lumière, dualité fabuleuse. Bien que
considérée comme l'une des valeurs
suprêmes de l'Occident, la lumière qui permet
de voir plus, de voir plus loin, plus fort, de conjurer
l'invisible, demeure inséparable de l'ombre son
envers. Le sombre, la nuit, le noir, l'informe, l'invisible
constituent les prolongements du jour, du blanc, de la
forme.
L'ombre est
féconde, sans elle, la photographie n'existe pas.
Image de lumière et de ténèbres, toute
photo aussi claire soit elle porte une ombre,
la macule de
sa genèse. A ce titre, la photographie, le
cinéma, l'exercice de la magie sont des
métaphores poétiques de la vie et par voie de
conséquence, des outils, au service d'une certaine
vérité. Ainsi aimer l'ombre entretiendrait la
clairvoyance ; à l'inverse, lui céder, s'y
laisser glisser tout en connaissant le moyen de s'en
extirper reviendrait à céder librement aux
délives de l'illusion et de la poésie.
Décelons ici même un formidable lieu de
réflexion pour penser l'image et la vision.
|

|
Afin de bien saisir, la
frontière ténue qui fait coexister
réalité et illusion, imaginons qu'un
photographe supprime dans son cliché toute ombre
portée, toute nuance et n'oppose qu'un blanc
éclatant à un noir intense. Pour celui qui
voit cette opposition rompt toute adhésion à
l'apparence réaliste. Alors nous pouvons nous
demander si ce réalisme n'est pas finalement
fictif... nos sens s'alertent quand surgissent de ces
clichés des figu-
|

|
res qui s'apparentent aux
visions de l'imagination, aux apparitions oniriques. Ainsi,
lorsque la photographie exclue l'ombre par effet de
contraste, la forme, le statut du sujet sont remis en
question. Nous vacillons. A quel monde appartient-on ?
Apparition,
manque, disparition, ombre, image et corps se confondent
jusqu'à transformer parfois l'espace en une forme de
non lieu.
Rien ne va de soi, surtout pas cette réalité
toujours fluctuante, fuyante. Cependant, loin de devoir
s'alarmer, le spectateur depuis les années 60, dans
sa nouvelle confrontation à l'oeuvre d'art, celle qui
ressortit aux nouvelles technologies technologiques,
à l'interactivité, joue lui-même le
rôle de sélecteur,
|
voire de créateur des
formes et images dont l'oeuvre est porteuse :
l'interactivité autorise
l'observateur à pénétrer un espace
d'images grandeur nature, à l'intérieur duquel
se trouve reproduit par infographie un environnement
articiel. Puis, par le truchement d'un capteur, avec un
système permettant d'interaction, l'observateur est
muni de lunettes de vision 3D et selon qu'il enfile des
gants de données permettant le feed back des
informations fournies par les mouvements de ses mains, il
obtient divers degrés de mise en scène.
|
|
Ainsi, tandis que la
réalité se conjugue désormais au
pluriel, que le principe d'incertitude gagne nos
consciences, la science, l'art ; tandis que le
désordre ne se départit plus de l'ordre,
l'homme qui voit choisit de plus en plus et se laisse de
moins en moins imposer la vision autoritaire et insistante
de l'oeuvre d'art traditionnelle.
Aujourd'hui,
après une tournée dans plus de trente communes
de Haute et Basse Normandie ou il a présenté
une exposition spectacle (plus de 30 000 visiteurs) qui fut
chaque fois un grand succès, il s'adresse à
vous, avec le Club des Magiciens, pour vous offrir ce
concept à succès afin que vous aussi puissiez
en bénéficier.
|